Et si votre boulanger devenait votre nouveau distributeur de billets ?

En janvier prochain, une nouvelle directive permettra aux commerçants de se substituer aux distributeurs de billets ; une réforme qui soulève de nombreuses questions.

Alors que la tendance est à une dématérialisation des moyens de paiement, la nouvelle directive européenne sur les services de paiement (DSP2) interroge. Dès le 13 janvier prochain – date d’entrée en vigueur du texte – les particuliers pourront retirer de l’argent liquide lors de leur passage en caisse dans un tabac, une boutique ou encore un supermarché qui feront ainsi office de distributeur de billets.

Ce service, communément appelé “cashback”, est plutôt simple. Au moment de payer, un message vous demandant si vous souhaitez retirer du liquide apparaît sur le terminal bancaire. Vous pouvez alors soit refuser soit indiquer le montant souhaité puis régler vos achats. Les commerces munis d’un terminal bancaire pourront alors distribuer 60 euros maximum par client sans aucuns frais pour celui-ci et le commerçant. Alors qu’il est prévu pour le début de l’année prochaine, ce nouveau service ne devrait toutefois pas être opérationnel dès janvier car ses modalités ne sont pas encore bien dessinées.

Si les commerçants accueillent favorablement cette réforme car ils y voient un moyen de réduire le coût de gestion du cash (transport des fonds, risque d’attaques…) et d’attirer chez eux une nouvelle clientèle, les banques ne partagent pas le même enthousiasme.

Vers la fin du paiement sans contact ?

La liste des commerces proposant ce service n’est pas encore connue mais interroge déjà. Il semble que cette prestation doit surtout profiter aux personnes ne vivant pas en ville et n’ayant donc pas de distributeurs à proximité de chez eux. Mais dans ces zones rurales, les commerces ne disposent pas toujours d’un terminal bancaire, car cela représente un coût parfois trop élevé. Finalement, ce service semble trouver davantage sa place en ville, là où les distributeurs ne manquent pas.

Évidemment, avec ses 58 480 distributeurs automatiques installés partout en France, la Fédération Bancaire Française (FBF) n’est pas enthousiaste concernant cette réforme. Jérôme Raguénès, son directeur du département Numérique, des systèmes et des moyens de paiement, va même jusqu’à la qualifier d’ “anachronique” et de “perturbante par rapport à la stratégie nationale des moyens de paiements lancée en 2015 par Michel Sapin”, dans un article du Figaro. Avant de poursuivre : “On s’inscrit dans une logique de modernisation des moyens de paiement et on a énormément investi dans le paiement sans contact, avec ce texte européen, on ne va pas dans le sens de l’histoire”.

En effet, depuis son instauration en France en 2012, le paiement sans contact est en train d’exploser. En juillet dernier par exemple, le nombre de transactions réalisées avec des cartes équipées de la technologie NFC a plus que doublé, pour atteindre 108 millions (+112% par rapport à l’an dernier), selon le Groupement des Cartes Bancaires CB. À plus long terme, les banques seraient donc sur la bonne voie pour réduire le recours au liquide qui leur coûterait 3 milliards d’euros par an selon un article des Échos. En facilitant l’accès à l’argent liquide, cette nouvelle directive européenne pourrait ralentir la marche vers le tout numérique. Reste à savoir quelle en sera l’application réelle dans notre quotidien.

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